Le mouvement du panislamisme: son origine, son développement, et la création de l’Organisation de la Conférence Islamique

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Divers mouvements : politique, religieux, social etc., ont marqué l’histoire des musulmans à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle. Un parmi eux était le mouvement du « Panislamisme »1.

Nous allons définir, premièrement, le « panislamisme » (I), voir ses origines (II), examiner son développement dans la seconde moitié du XXème siècle, et enfin la concrétisation actuelle du panislamisme dans la création de l’Organisation de la Conférence Islamique (ci-après O.C.I.) (III).

I - Définition

Qu’est ce que c’est que le panislamisme ?

Plusieurs propositions ont été avancées en vue de définir le sens, ou de déterminer la signification de ce mot2. Une proposition explique que le vrai panislamisme est « un état d’âme des musulmans qui se sentent tous membres d’une même fraternité et réunis dans un seul organisme pour sauvegarder leur unité morale et spirituelle »3. Une autre voie dans le panislamisme « une vision globale et cohérente de la civilisation islamique en tant que celle-ci réalise la concrétisation de valeurs éternelles et universelles, ainsi qu’une expression unique de ces valeurs dans une culture islamique, dont les cultures arabe, turque, iranienne et indienne seraient des éléments dans un ensemble plus large »4. Une troisième proposition considère le panislamisme comme « une entreprise non violente, qui prend corps peu à peu dans des institutions politiques, économiques, sociales et culturelles »5.

Ainsi, le panislamisme se compose de différents éléments qui sont, à notre avis, les suivants :

  1. Le panislamisme est un mouvement de solidarité et de fraternité entre les musulmans.
  2. Le panislamisme est un mouvement de libération et de restauration. Il cherche à libérer les musulmans et leurs territoires de toutes les formes de colonisation et de domination, et à restaurer leur vie et leurs institutions internes.
  3. Le panislamisme est un mouvement d’union qui tente à regrouper les musulmans au-delà de leurs pays, de leurs langues, de leurs races, de leurs cultures et de leurs couleurs, sous une unité politico-religieuse afin de jouer son rôle sur la scène internationale.

Le panislamisme était la vie et l’attitude des musulmans à travers des siècles. Ils n’ont pas songé à lui, comme tel, parce qu’il se manifestait chaque jour et dominait leur comportement. Mais les menaces qui ont commencé à peser, de plus en plus, lourdement sur la Communauté musulmane (Umma), et sur leurs territoires, spécialement vers la fin du XIXème, et l’état de décadence et oppressif lequel vivent les membres de cette Communauté, les ont réveillé pour faire du panislamisme une doctrine politique et un programme d’action6.

II - Les origines du panislamisme

Deux facteurs principaux ont contribué à lancer, à concrétiser, et à développer le mouvement du panislamisme. Ce sont les efforts de quelques personnalités musulmanes (A), et les congrès musulmans en 1926 et en 1931 (B).

A - Les efforts des personnalités musulmanes

Différentes personnalités musulmanes ont contribué à lancer et à développer le mouvement du panislamisme. Parmi eux trois personnalités marquantes, à savoir :

1 - Djamal al Din AL-AFGHANI (1204-1315/1839-1897)7

Le mouvement du panislamisme a été inauguré vers la fin du XIXème siècle, par Djamal al Din AL-AFGHANI qui réclamait le regroupement des pays musulmans sous une seule autorité : le Califat. Ce regroupement, d’après ce penseur musulman, contribuerait à repousser l’ingérence européenne dans ces pays et permettrait de retrouver la gloire et le prestige de l’Islam8.

1 - AL-AFGHANI développait ses idées dans son journal (al ‘Urwat al Wuthka) (Le lieu indissoluble)9, en expliquant l’attitude de l’Europe vis-à-vis de l’Islam. Ses idées essentielles sont les suivantes :

  1. l’Europe, disait-il, en dépit de ses divergences est unie contre l’Orient en général, et contre l’Islam en particulier.
  2. Devant le droit international, il n’y a pas d’égalité entre les musulmans et les chrétiens.
  3. L’Emire ottoman, aux yeux des gouvernements européens, est dans un état arriéré et barbare, ainsi que les Etats musulmans ce qui justifie les attaques et les humiliations infligées par ces gouvernements à cet Empire et à ces Etats.
  4. Chaque mouvement de réveil et réforme surgit dans un Etat musulman est étouffé par ces gouvernements et par n’importe quel moyen même par la guerre.
  5. Une unité défensive entre tous les musulmans est nécessaire pour sauvegarder leur indépendance, pour protéger leur intérêt et pour acquérir les moyens capables de réaliser leur progrès à la haine de l’Islam et à la menace qui pèse contre lui.
  6. Enfin, AL-AFGHANI montrait avec ironie comment les européens changent à leur guise le sens de mots. Ainsi, par exemple, ce qui est considéré à leurs yeux comme « nationalisme et patriotisme », ils les voient en Orient comme « fanatisme ». Et, ils appellent en Orient « chauvinisme » ce qui était considéré chez eux comme « amour propre, fierté, honneur national »10.

2 - ‘Abd al Rahman AL-KAWAKIBI (1265-1320/1854-1902)

Ce précurseur musulman d’origine syrienne fut le premier a appelé à élaborer un pacte constitutif d’une organisation internationale regroupant tous les musulmans.

AL-KAWAKIBI a développé ses idées concernant cette organisation dans son ouvrage (‘Umm al Kura) (La mère des villes), qui a été publié au Caire en 1898. Il a choisi la Mecque, qui est à ses yeux la mère des villes, pour rassembler les délégations, qui représentent les musulmans de quatre coins du monde, dans un congrès musulman en vue de discuter les problèmes des musulmans, leur décadence et pour trouver les remèdes à ces problèmes sans oublier d’élaborer le pacte constitutif d’une telle organisation11.

Dans (‘Umm al Kura), AL-KAWAKIBI n’a pas, seulement, expliqué ses idées, mais il imaginait la tenue à la Mecque de ce congrès et la réunion de vingt trois délégations représentant les différents peuples musulmans. A la fin des travaux de ce congrès les délégations ont élaboré un pacte constitutif qui comprend : un préambule, quarante huit articles et une conclusion. L’organisation fiction se compose, d’après son pacte, des quatre organes principaux :

  1. L’assemblée générale qui se tiendra chaque année, à l’occasion du pèlerinage, une réunion à la Mecque.
  2. Le Conseil actif composé de dix membres élus par l’assemblée générale. Son siège est à la Mecque aussi.
  3. Le Conseil consultatif composé de dix membres élus par l’assemblée générale.
  4. Les bureaux régionaux qui s’ouvrent dans plusieurs villes musulmanes12.

3-‘Abd AL-HAMID II (1258-1337/1842-1918)

Comme Calife des musulmans, le sultan ‘ABD AL-HAMID II a contribué au développement de l’expansion du panislamisme dans les pays musulmans13. Il a voulu aussi rendre à l’institution de Califat son prestige en lui permettant de trouver sa place et son rôle dans la vie des musulmans. A cette fin, ‘Abd AL-HAMID II a appelé AL AFGHANI à Istanbul pour qu’ils travaillent ensemble.

D’autre part, et dans le but d’une expansion panislamisme, ‘Abd AL-HAMID II a fait construire le chemin de fer du Hedjaz pour relier les villes au nord d’Arabie aux villes saintes (La Mecque et Médine)14. Cette importante entreprise islamique facilitait le pèlerinage des musulmans grâce à une voie de communication moderne et rapide, en favorisant le contact entre les musulmans à travers les villes et les villages qui traversaient la ligne.

La révolte des Jeunes-Turcs en 1908 a mis fin aux activités d’Abd AL-HAMID II qui régnait de (1923 à 1327/1876 à 1909) comme le 36ème Sultan Ottoman.

La suppression du Califat en 1924 par les turcs a provoqué une profonde déception et un grand choc pour les musulmans du monde entier.

Dès lors, les appels ont été lancés, dans les différents pays musulmans afin de rétablir cette institution musulmane et de trouver les solutions à leurs problèmes, ce qui les a amené à convoquer plusieurs congrès musulmans.

B - Les congrès musulmans

Nous allons examiner les travaux du premier congrès musulman sur le Califat tenu au Caire du 13 au 19 mai 1926, les travaux du congrès du monde musulman tenu à la Mecque du 7 juin au 5 juillet 192615, et les travaux du congrès musulman de Jérusalem, du 6 au 17 décembre 1931.

1 - Le congrès musulman sur le Califat. Le Caire du 13 au 19 mai 1926

A la suite de l’abolition du Califat, et au milieu des protestations et des réactions négatives exprimées par les musulmans à travers leurs pays, l’idée de réunir un congrès musulman sur le Califat a été lancée. Les Ulémas de la mosquée AL AZHAR se sont réunis au Caire pour en débattre. Ils ont invité les différents pays musulmans en leur demandant d’envoyer leurs délégations.

L’initiative des Ulémas n’était encouragée ni par les milieux politiques égyptiens, ni par le public en général. Comme conséquence, le projet a été modifié, la désignation d’un nouveau Califat n’était plus le sujet principal des travaux du congrès. Celui-ci cherchait plutôt à donner des réponses aux questions concernant la définition de l’institution du Califat, la possibilité de réaliser cette institution, ses attributions et le mode de désigner un Califat.

Mais ce qui retient notre attention dans les travaux de ce congrès, est avant tout une proposition de l’une des commissions du congrès invitant les musulmans de ce réunir d’une façon régulière, dans des congrès pour échanger leurs point de vue, pour discuter de leurs problèmes, et pour trouver les solutions et les remèdes nécessaires.

2 - Le Congrès du monde musulman. La Mecque du 7 juin au 5 juillet 1926

Après sa victoire dans les régions de Najed et Hedjaz (Arabie saoudite), Ibn SEOUD (1299-1373/1881-1953) a lancé son idée de réunir les représentants des peuples musulmans dans un congrès musulman à la Mecque.

L’objectif de ce congrès était, d’une part, la discussion des problèmes de la région du Hedjaz et surtout de ceux concernant les deux villes saintes : la Mecque et Médine. D’autre part, Ibn SEOUD a voulu que les peuples musulmans reconnaissent, à travers leurs représentants, le statu quo du Hedjaz après la victoire de ses troupes et sa désignation comme Roi d’Arabie.

A la fin des travaux, le président du congrès a évoqué la question de l’élection d’un comité exécutif et d’un secrétaire général appelant ainsi à la création d’une organisation musulmane. Cette dernière aurait été chargée, d’après le statut du congrès, de maintenir la permanence de ce congrès et ses réunions régulières chaque année lors de la saison de pèlerinage. Mais la nouvelle organisation musulmane n’a pas vu le jour.

3 - Le congrès musulman de Jérusalem, du 6 au 17 décembre 1931

C’est le Mufti du Jérusalem Amin AL-HUSSAYNI qui était le grand promoteur du congrès musulman de Jérusalem. Il a voulu rassembler les musulmans autour de la cause palestinienne16, en barrant la route aux sionistes en Palestine et pour discuter de l’état des musulmans17.

AL-HUSSAYNI a pris contact avec quelques personnalités musulmanes comme, par exemple, Shawkat ALI, le secrétaire général de l’organisation (Indian Khalifat Committe), créé en 1924, aux Indes après l’abolition du Califat ; en vue de réaliser la réunion d’un congrès musulman à Jérusalem. Les échos à cette invitation étaient favorables dans le monde musulman. C’est ainsi que le congrès a pu se tenir.

A la fin de ses travaux, le congrès a pris plusieurs décisions concernant les problèmes culturels, religieux et politiques qui intéressent le monde musulman, en général, et la Palestine en particulière.

D’autre part, le congrès a décidé de créer une organisation musulmane permanente. Dans ce but, le congrès a élaboré un pacte constitutif intitulé : la Constitution de la conférence islamique générale. Dix sept articles de cette constitution ont été adoptés. Cependant, la vie de cette organisation n’était pas très longue à cause des circonstances spéciales que la Palestine a connues à cette époque.

III - La concrétisation actuelle du panislamisme et la création de l’Organisation de la Conférence Islamique

La seconde moitié du XXème siècle a vu la naissance d’un nouveau mouvement du panislamisme. Au cours des années 50-60, les Etats musulmans ont accédé à l’indépendance. Ils ont adhéré aux Organisations internationales pour coopérer avec les autres Etats et pour maintenir avec eux la paix et la sécurité internationales. Ils ont aussi crée leurs propos organisations régionales afin de concentrer leurs efforts dans un but commun et pour régler leurs multiples problèmes. Mais il manquait toujours sur la scène internationale une présence islamique capable de faire entendre la voix des Etats islamiques, compte tenu de leurs moyens économiques, leurs richesses naturelles, l’importance de leur population et leur position stratégique dans le monde, en leur permettant, en même temps, de jouer leur propre rôle sur l’échiquier mondial. Les peuples de ces Etats ont senti le besoin de consolider leurs liens de solidarité, au-delà des frontières artificielles créées entre leurs pays et de contribuer ensemble à trouver les solutions à leurs problèmes.

Dès lors, l’appel à un nouveau panislamisme a été lancé. Ainsi, les Etats islamiques devraient être regroupés dans une seule organisation cherchant à défendre leurs intérêts, à harmoniser leurs politiques et concentrer leurs efforts, afin de vaincre le sous développement et de faire évoluer le niveau de vie de leurs populations18.

Ainsi plusieurs tentatives ont été lancés (A), le Roi Fayçal d’Arabie saoudite a joué un rôle dans ce nouveau mouvement (B), enfin quelques événements ont contribué à concrétiser ce mouvement (C).

A - Les premières tentatives du nouveau mouvement du panislamisme

La première tentative en vue de créer une organisation panislamisme fut faite en août 1954, quand le Roi SEOUD (1902-1969) d’Arabie saoudite, le Président égyptien Jamal ‘Abd AL NASSR (1918-1970) et le président du Conseil du Pakistan Muhammad Ali se sont réunis à la Mecque, lors du pèlerinage pour élaborer un projet de pacte de cette organisation.

Ce projet prévoyait trois organes principaux : une assemblée générale, un Conseil exécutif et un Secrétariat permanent19. Cette organisation ne vit pas le jour à cause des problèmes politiques qui opposaient l’Egypte à l’Arabie saoudite à cette époque.

D’autre part, le Président somalien Adam Othman a appelé, lors d’une réunion à Mogadiscio (Somalie) en 1964, à une réunion au des Rois, Chef d’Etats et de gouvernement des Etats Islamiques20.

B - Le Roi Fayçal et le nouveau mouvement du panislamisme

Au mois de décembre 1965, le Roi Fayçal (1906-1975) d’Arabie saoudite lançait à Téhéran, lors d’une visite officielle, une invitation publique à tous les Souverains et les Chefs d’Etats islamiques, sans exception, à se réunir en une conférence au Sommet.

Plus tard, dans une conférence de presse organisée à Amman en Jordanie, le 31 janvier 1966, le Roi Fayçal a défini le but de cette conférence : « susciter un renouveau de la foi musulmane, face à la diffusion du matérialisme et aux agressions du sionisme, ainsi que favoriser la coopération des Etats islamiques dans les domaines spirituel, économique et social »21.

L’invitation du Roi Fayçal n’est pas passé inaperçu22 de la part des dirigeants des Etats islamiques, mais la controverse qu’elle a suscitée a retardé de quelques années sa réalisation.

C - Les événements des années 60

Deux événements tragiques ont secoué le mode arabo-musulman à la fin des années 1960, à savoir : la défaite arabe de 1967 et l’incendie de la mosquée AL AKSA à Jérusalem.

1 - La défaite arabe de 1967

Le 5 juin 1967, Israël a attaqué l’Egypte, la Jordanie et la Syrie, et au bout de six jours, il a occupé la Cisjordanie, le Golan et le Sinaï. Cette défaite arabe de 1967 avait des conséquences graves pour les arabes aux points de vue politique, économique et social. Il en était de même pour tous les musulmans en général, qui ont vu la vieille ville de Jérusalem tombée sous l’occupation israélienne.

La défaite a favorisé le rapprochement entre les Etats arabes, au-delà de leurs querelles habituelles. Mais l’invitation saoudienne à une conférence au Sommet islamique n’a pas été retenue pour autant, car un autre appel a été lancé pour une conférence arabe au Sommet. Celle-ci a eu lieu à Khartoum au Soudan du 29 août au 2 septembre 1967.

2 - L’incendie de la mosquée AL-AQSA

Sous l’occupation israélienne de la vieille ville de Jérusalem, des mains criminelles ont mis le feu, le 21 août 1969, à la mosquée AL-AQSA qui est l’un des trois sanctuaires de l’Islam23. Cet acte a provoqué l’indignation et les protestations des musulmans du monde entier.

Après l’incendie, le Roi HUSSEIN de Jordanie (1935-1999) a suggéré dans un message adressé à tous les Chefs d’Etats arabes, une réunion du « Sommet arabe » pour prendre des décisions urgentes. Le Roi Fayçal a répondu à l’appel d’une réunion au Sommet arabe par un appel d’une réunion au « Sommet islamique ».

En réalité, les ministres des Affaires étrangères des Etats arabes ont tenu une réunion extraordinaire au Caire du 25 au 28 août 1969. A la fin de leurs travaux, ils ont adopté le principe de la convocation d’une Conférence islamique, en laissant au gouvernement marocain le soin de faire les préparatifs nécessaires. Trente cinq Etats ont ainsi été invités au premier Sommet islamique. Les participants à ce premier Sommet qui se tenu, en septembre 1969, à Rabat, ont décidé qu’une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats participants aurait lieu au mois de mars 1970 à Djedda en Arabie saoudite en vue de « jeter les bases d’un Secrétariat permanent chargé d’assurer la liaison entre les Etats participants et de coordonner leur action »24.

C’est la troisième Conférence des ministres des Affaires étrangères des Etats islamiques qui s’est réunie du 29 février au 4 mars 1972 à Djedda, en présence de vingt trois délégations des Etats islamiques qui a créé, en adoptant sa Charte, l’Organisation de la Conférence Islamique, et en choisissant la ville de Djedda comme siège temporaire de cette organisation.

Sous l’occupation israélienne de la vieille ville de Jérusalem, des mains criminelles ont mis le feu, le 21 août 1969, à la mosquée AL AKSA qui est l’un des trois sanctuaires de l’Islam25. Cet acte a provoqué l’indignation et la protestation des musulmans du monde entier.

Après l’incendie, le Roi HUSSEIN de Jordanie (1935-1999) a suggéré dans un message adressé à tous les Chefs d’Etats arabes, une réunion du « Sommet arabe » pour prendre des décisions urgentes. Le Roi Fayçal d’Arabie saoudite (1906-1975) a répondu à l’appel d’une réunion au Sommet arabe par un appel d’une réunion au « Sommet islamique ».

D’autre part, les ministres des Affaires étrangères des Etats arabes ont tenu une réunion extraordinaire au Caire du 25 au 28 août 1969. A la fin de leurs travaux, ils ont adopté le principe de la convocation d’une Conférence islamique, en laissant au gouvernement marocain le soin de faire les préparatifs nécessaires. Trente cinq Etats ont ainsi été invités au premier Sommet islamique. Les participants à ce premier Sommet qui se tenu, en septembre 1969, à Rabat, ont décidé qu’une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats participants aurait lieu au mois de mars 1970 à Djedda en Arabie saoudite en vue de « jeter les bases d’un Secrétariat permanent chargé d’assurer la liaison entre les Etats participants et de coordonner leur action »26.

D - Les organes de l’O.C.I.

C’est la troisième Conférence des ministres des Affaires étrangères des Etats islamiques qui s’est réunie du 29 février au 4 mars 1972 à Djedda, en présence de vingt trois délégations des Etats islamiques qui a crée, en adoptant sa Charte, l’Organisation de la Conférence Islamique, et en choisissant la ville de Djedda comme siège temporaire de cette organisation.

L’O.C.I., se compose de quatre organes principaux, treize organes subsidiaires et six commissions spécialisées.

L’article III de la Charte de l’O.C.I. énumère trois organes principaux qui sont :

  1. La Conférence des Rois et des Chefs d’Etat et de gouvernement.
  2. La Conférence des ministres des Affaires étrangères.
  3. Le Secrétariat général et ses organes subsidiaires.

D’autre part, la troisième Conférence au Sommet des Rois, Chefs d’Etat et de gouvernement des Etats islamiques tenue à Ta’if et à la Mecque (Arabie saoudite) en janvier 1981, a approuvé dans sa résolution No 11/3- P (IS) la création d’une « Cour Islamique Internationale de Justice ». La cinquième Conférence au Sommet tenue au Koweït en janvier 1987, a adopté le projet du statut de cette Cour, en proposant d’ajouter un paragraphe (4) à l’article III de la Charte de l’O.C.I., qui précise que : « La Cour Islamique Internationale de Justice accomplit ses missions en vertu de son statut annexé à cette Charte, et qui constitue une partie intégrante de ladite Charte »27.

Conclusion

Il appartient à l’O.C.I., comme ce fut le cas pour d’autres organisations régionales, de jouer son rôle dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l’homme dans les Etats islamiques.

D’autre part, la Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en Islam, adoptée par la Conférence des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la Conférence Islamique en 1990 est un texte en nette régression, non seulement en comparaison avec la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, mais aussi en comparaison avec la Déclaration de Decca sur les droits de l’homme en Islam de 1983, et les deux projets précédents de la Déclaration des droits de l’homme en Islam, préparés par le Secrétariat général de cette Organisation en 1979 et 198128.


Le Courrier du Geri. Recherches d’islamologie et de théologie musulmane, 5-6 années, volumes 5-6, n° 1-2, 2002-2003, pp. 109-117.
Mohammed Amin Al-Midani is President of Arab Centre for International Humanitarian Law and Human Rights Education, Strasbourg, France and Lecture Fellow at Strasbourg University, France


[1] Le mouvement du panislamisme se confond dans plusieurs domaines avec le mouvement du réformiste à tel point qu’on n’arrive pas à distinguer facilement l’un de l’autre.

[2] Le mot panislamisme se traduit en langue arabe par : al Djam’a al Islamiyya.

[3] KHAN (A.), « Le panislamisme » in L’Europe et l’Islam, Genève, éd. Mont Blanc, 1944, p. 14.

[4] KHAN (R. N.), « Les courants modernes de la pensée islamique dans le sous continent indo-pakistanais », in L’Islam, la Philosophie et les Sciences, Les Presses de l’Unesco, Paris, Unesco, 1981, p. 127.

[5] BOUTILLER (G. De), L’Arabie saoudite. Cité de Dieu. Cité des affaires. Puissance internationale, Paris, P.U.F., 1981, p. 169.

[6] KHAN (R. N.), op.cit., p. 106.

[7] La vie et les œuvres d’AL AFGHANI ont fait l’objet de nombreuses études littéraires et politiques. Il y a toujours les partisans et les adversaires de cette personnalité. Nous allons nous borner, dans notre étude, à expliquer le rôle joué par AL AFGHANI concernant le mouvement du panislamisme sans prendre partie dans les débats soulevés autour de lui.

[8] ANTONIUS (G.), The Arab Awkeing, London, Hamish Hamilton, 1938, pp. 68-69.

[9] AL-AFGHANI et son disciple Mohammed ‘ABDOU (1266-1323/1849-1905) ont fondé à Paris cette revue dont le premier fascicule est paru le 13 mars 1884.

[10] Un auteur anonyme a développé les idées d’AL AFGHANI dans son article « Panislamisme et Panturquisme », Revue du Monde Musulmane, n° 22, 1913, pp. 183-184.

[11] BOUTROS-GHALI (B.), « Un précurseur de l’organisation internationale : AL KAWAKIBI », Revue Egyptienne du Droit International, n° 16, 1960, p. 17.

[12] BOUTROS-GHALI (B.), Le mouvement Afro-Asiatique, Paris, P.U.F., 1969, p. 20. (Ci-après, BOUTROS-GHALI, Le mouvement).

[13] STODDARD (L.), Le nouveau monde de l’Islam, Paris, Payot, 1923, p. 67.

[14] Une des conséquences de la révolte arabe contre les turc en 1916 était la destruction d’une partie de cette ligne entre la ville de Ma’an (Jordanie) et Médine, et cette partie n’a pas été reconstruit depuis cette date.

[15] Voir, AL-MIDANI (M. A.), « Les deux Congrès musulmans de 1926 », le Courrier du Geri. Recherches d’islamologie et de théologie musulmane, 2ème année, volume 2, n°2, printemps, 1999, pp. 101-110.

[16] KUPFERSCMIDT (U.-M.), « The General Muslim Congress of 1931 in Jerusalem », Asian and African Studies, vol. 12, n° 1, 1974, p. 132.

[17] KASMMIYYA (K.), (al Muw’tamar al Islami l-‘am fi l-Kudus 1931), (Le congrès musulman général à Jérusalem), Etudes Historique, Damas, n° 19-20, avril-juillet 1985, pp. 20-21 (en langue arabe).

[18] BOUTILLER, op. cit., p. 169.

[19] BOUTROS GHALI, Le mouvement, pp. 24-25.

[20] ALLAM (W.), The Organization of the Islamic Conferences, Dar El-Nahda El-Arabia, Cairo, 1996, p. 41, (en langue arabe).

[21] « Le projet de conférence des Chefs d’Etat musulman et la visite du Roi Faysal à Rabat et à Tunis », Revue du Maghreb, Machrek, Monde Arabe, vol. 18, 1966, p. 4.

[22] « La Conférence islamique au sommet », Revue du Maghreb, Machrek, Monde Arabe, vol. 36, 1969, p. 28.

[23] Les deux autres sanctuaires sont : la mosquée AL HARAM à la Mecque et la mosquée du Prophète Mohammed à Médine.

[24] Le journal Le Monde, du 27 septembre 1969, p. 4.

[25] Les deux autres sanctuaires sont : la mosquée AL HARAM à la Mecque et la mosquée du Prophète Mohammed à Médine.

[26] Le journal Le Monde, du 27 septembre 1969, p. 4.

[27] Voir AL-MIDANI (M. A.) « La Cour Islamique Internationale de Justice : Un organe judiciaire musulman », Revue des Sciences Juridiques, publiée par l’Institut des Sciences Juridiques et Administratives, Université d’Annaba, Algérie, n°8, juin 1996, pp. 61-66.

[28] Voir ces deux projets dans AL-MIDANI (M. A.), Les apports islamiques au développement du droit international des droits de l'homme, Thèse d'Etat en Droit Public, Faculté de Droit et des Sciences Politiques, Université de Strasbourg III, octobre 1987, pp. 407-424.

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